VG en voyage #2 - Réduire ses déchets sur une île ~ consommer local et bio, beauté naturelle

Il y a un an à la même époque, j'ai eu la chance de pouvoir passer les fêtes de fin d'année, ainsi que mon anniversaire, chez moi, sur ma petite île qui m'a vu naître et grandir. 

Entourée de mes parents, de ma tendre Perle (ma chienne de 16 ans) et d'un environnement à la fois ensoleillé et apaisant.

L'année dernière, j'avais passé mes deux semaines à créer des recettes végétaliennes grâce à la super cuisine équipée de mon papa. J'y avais aussi mené des enquêtes dans le but de trouver les bons plans pour nous, végétariens et végétaliens, pour se régaler sans se priver (vous pourrez trouver l'article ici).

Cette année, la protection de l'environnement a pris une part beaucoup plus importante dans ma vie. Je me suis sentie davantage concernée après avoir lu le livre de la reine du zéro déchets, Béa Johnson. A mon art de vivre végétalien, j'ai ajouté l'objectif de réduire mes déchets. Ceci ne concerne pas seulement la réduction des déchets que je produis, il concerne aussi la vigilance que j'apporte sur les produits toxiques présents dans l'ensemble de mon environnement quotidien : ustensiles de cuisine, produits de beauté (même bio), boites de conditionnement etc...

C'est avec ces nouvelles idées en tête que je suis partie à la découverte de mon île avec un regard nouveau.

Voici mon récit et mes astuces :

Les piscines naturelles de Guana Bay, copyright @KawaiiVegs

   ~ Consommer bio et local, réduire ses emballages : un casse-tête, un dilemme ~

Saint-Martin est une île bien différente des autres îles de l'arc antillais : tout est importé. Le sol est de mauvaise qualité, le climat est majoritairement sec et n'est pas favorable à la production de fruits et légumes. C'est pour cela que l'on y trouve pas de champs de cannes à sucre, de plantation de bananes ou autres produits typiques des Antilles comme la pastèque, les racines (igname, manioc, patate douce), le fruit à pain (ne pas confondre avec le fruit du jacquier), corrosol, goyave, fruits de la passion etc...

Cela n'empêche pas certains de cultiver, comme mon père qui a du faire venir de la bonne terre afin d'avoir un bon potager.

L'importation de l'ensemble des produits de consommation (et je dis bien l'ensemble) génère sans surprises des déchets à cause des emballages et sur-emballages, en plus d'être plus onéreux qu'en France métropolitaine.

Il y a plusieurs solutions mais chacune a ses avantages et inconvénients : 

- S'approvisionner à la ferme biologique rastafarai qui est située à la sortie de Bellevue pour aller vers la partie hollandaise. C'est une ferme qui est bien tenue par des rastas dans le respect d'une agriculture paysanne et bio. Tout est biologique des fruits aux légumes en passant par les oeufs de poules. Mon père s'y approvisionnait en herbes aromatiques mais vu les prix élevés (qui est le désavantage de la ferme) il a décidé de les planter dans son potager.

- Consulter le site sxm-eco-bio que j'ai découvert bien après mon voyage. Ce site regorge d'adresses pour consommer biologique, végétarien et vivre de manière écologique sur une île où l'accès à certains produits est difficile.

- Acheter sur le marché local et de saison ou auprès des vendeurs aux bords des rues : les produits sont issus de l'importation vendu en gros provenant directement du port. Les fruits et légumes proviennent majoritairement de Saint-Domingue. L'avantage est qu'en achetant aux vendeurs locaux, on contribue à faire tourner l'économie locale ainsi qu'à améliorer les conditions de vie des vendeurs. 
L'inconvénient, les produits ne sont pas issus de l'agriculture biologique. Cela sous-entend qu'ils sont bourrés de pesticides, que l'achat de ces produits est comme un vote positif qui va servir à encourager les multinationales ou autres entreprises à utiliser davantage l'agriculture intensive.

- Acheter des produits bio en surpermarché permet aussi de contribuer à l'économie locale et de favoriser l'emploi, et même si ce sont des enseignes comme Carrefour market ou Super U. Saint-Martin est une île qui vit essentiellement du tourisme, mettre des "sous dans la machine" permet à la fois à l'enseigne de grandir sur l'île donc de proposer plus d'emplois, proposer plus de produits et notamment les produits bio. 
L'inconvénient réside dans l'emballage des produits biologiques. En effet, les enseignes généralistes sont dans l'obligation de conditionner les fruits et légumes bio pour éviter de les mélanger avec les autres produits non bio, soucis qui ne se présente pas dans les magasins spécialisés.

Légumes achetés en vrac mais non bio

Des pommes bio mais avec emballage...

Ces deux dernières solutions ont été un réel dilemme pour moi : 

soit je consomme bio mais je génère des déchets, 

soit je consomme non bio mais je peux acheter en vrac et je ne génère pas de déchets. Par contre je soutiens une agriculture intensive favorisant pesticides et produits toxiques en tout genre.

J'ai pu m'en sortir en trouvant une troisième solution pour mes graines et oléagineux qui étaient proposés en vrac et issus de l'agriculture biologique dans le magasin Nature juice's en partie hollandaise (il est près du pont de Simpson bay).
En plus de proposer des produits entièrement bio, j'ai pu aussi me fournir en produits vegan comme les protéines et aussi sans gluten.

N'oublier pas d'emporter vos sacs à vrac avec vous !

 ~ Consommer végétalien et cru : une affaire à portée de tous ~

Dans mon article VG en voyage #1, j'avais montré qu'il était simple de trouver des aliments végétaliens au supermarché. C'est avec bonheur que j'ai constaté cette année que le rayon au Grand Marché (devenu Carrefour market) s'est agrandi avec une section crue ! 

A noter: malheureusement, le magasin bio de la partie française Bioman a fermé ses portes faute de bénéfices :(. 

ça se bouscule dans le rayon cru, carrefour market cole bay

ça se bouscule dans le rayon cru, carrefour market cole bay

Une section vegan plus riche qu'en 2014, carrefour market cole bay

~ L'hygiène féminine zéro déchets sur une île : le plus simple ! ~

Le plus simple est d'adopter la coupe menstruelle et de venir avec ses serviettes réutilisables.

Malheureusement, je n'ai pas trouvé de serviettes hygiéniques et tampons biologiques.

Le plus simple est aussi de venir avec ses propres produits pour celles qui n'ont pas encore sautées le pas.

~ Beauté naturelle "Earth-friendly" & "sun-protect" ~

Cela fait 2 ans et demi que je suis passée au tout naturelle dans mes produits de beauté. Je ne me maquille pas donc ce sont essentiellement des produits de soins du visage, corps et cheveux que j'utilise.

Soucieuse d'emmagasiner un maximum de vitamine D tout en protégeant ma peau, j'ai fais le plein d'information sur le soleil et la peau grâce au dossier thématique d'Aroma-zone clic clic clic !

Le plus simple pour ne pas s'encombrer, voyager léger tout en réduisant ses déchets est de faire avec ce qu'on a déjà chez soi et de privilégier les produits multi-usages.

Ma trousse spéciale Antilles se compose de :  

- Huile essentielle de lavande aspic pour : l'acné rebond, soulager les piqûres de moustiques (arrêt du grattage immédiat), soulager les coups de soleil (à associer avec les macérats huileux de millepertuis et de calendula)

- Huile essentielle de tea tree  pour : l'acné rebond et la cicatrisation 

- Macérats huilleux de calendula et de millepertuis pour : soulager les coups de soleil (en association avec la lavande aspic, 50% de chaque + 3 gouttes d'HE). Marche très très bien ! Les deux macérats séparés ont des propriétés cicatrisantes pour des brûlures, coupures et autres, donc très bien dans une trousse de secours de manière générale.

- Macérat huileux de roucou avec l'huile de coco pour : un écran solaire hyper efficace  et nourrissant (pour la peau et les cheveux) en plus d'être un très bon répulsif de moustiques. C'est une composition maison de mon père. Le roucou ou encore appelé urucum se trouve en poudre chez Arome-zone. Si vous le trouvez frais (c'est-à-dire en grains) c'est encore mieux.

Mon père en fait des bocaux de 5 L entier qu'il utilise aussi en cuisine comme matière grasse.

Je l'utilisais tous les jours même si je ne baignais pas à la mer. Attention ça tâche !

Pas besoin de tube spécial, le tout était conditionné dans un pot en verre récupéré (pot à moutarde par exemple), on en met un peu dans la main ou on trempe les doigts puis on étale.

- L'aloés véra fraîche du jardin pour : hydrater, apaiser et nourrir la peau. J'ai de la chance d'en avoir un jardin rempli tous les cm². Après avoir lavé mon visage le soir, une application du gel et hop au lit. En plus le gel permet de réduire les boutons !

- Savon Fresh Pharmacy de Lush pour nettoyer en profondeur le visage. Il est génial pour assécher les boutons et enlever tout le gras qui s'est accumulé sur le visage durant la journée. Ceci est un avis, vous pouvez juste emporter votre savon nettoyant préféré.

Au fur et à mesure que j'ai progressé dans la cosmétique naturelle, j'ai sélectionné des huiles végétales que ma peau supporte très bien. Je les ai aussi apporté avec moi pour alterner avec mon macérat de roucou, vous pouvez en faire de même avec les vôtres : 

- Huile végétale de nigelle pour : des boutons d'acné un peu trop résistants !

- Huile végétale de carthame pour : hydrater ma peau sèche et sensible

et les cheveux dans tous ça ? 

Ma salle de bain n'est pas encore passé sous le radar du zéro déchets et j'ai gardé une marque d'après-shampoing que je prends en supermarché qui me démêle très bien les cheveux (quand je n'ai pas le temps de faire mon après-shampoing maison).

Dans tous les cas, choisissez les produits bio que vous avez l'habitude de prendre. Il existe des shampoings solides vendus par Lush ou Lamazuna sans emballages.

Pour le démêlage après le shampoing, l'huile de pracaxi est une vraie pépite d'or que je recommande chaudement. A privilégier de loin devant l'huile de kukui.

Le tout recouvert du macérat de coco-roucou et rien de plus.

~ Se déplacer "eco-friendly": 1 km à pied ça use, ça use ... ~

Saint-Martin n'est pas très grande mais tout est éloigné. La voiture est le principal moyen de déplacement suivi des scooters et des quads. Le réseau de bus, unique transport en commun, de la partie française et la partie hollandaise s'est largement amélioré et est beaucoup mieux contrôlé.

Comme en métropole ou dans toute autre ville, les astuces pour se déplacer de manière responsable s'applique aussi ici.
Sachant que la marche à pied ou le vélo en terrain très vallonné et sous un soleil de plomb peut décourager les moins téméraires.

~ Saint-Martin : des éco-sites fabuleux et protégés mais toujours menacés ~

Saint-Martin possède des sites naturels marins et terrestres magnifiques.

Malheureusement, ces sites ont été endommagés voire détruits par l'homme pour de multiples raisons (création de complexes hôteliers, déchets jetés dans la nature, décharges publiques sans vraiment de contrôles, pêches non contrôlées etc...).

De ma naissance jusqu'à ce que je quitte l'île, ce mal empirait année après année.

Je me souviens que je l'ai quitté en gardant en mémoire le dernier complexe hôtelier qui a privatisé l'une des plus belles plages et détruit une partie de celle-ci pour mettre un bloc de béton blanc avec une piscine gigantesque. Un crève-coeur ....

Cependant, préserver notre patrimoine écologique a suscité un véritable intérêt et certainement des volontaires ont du se battre pour classer des sites comme réserves naturelles protégées, créer une mangrove afin que les animaux typiques de notre île puissent s'y recueillir et se développer.

La décharge officielle de la partie française a fait peau neuve 

Des solutions ont été mises en place par la collectivité pour préserver ce patrimoine. Mais c'est aussi avec des gestes plus raisonnés de la part de ces habitants et des touristes que ce système sera a son maximum. En effet, ne serait-ce que de ne pas jeter ses détritus à terre est un grand pas (une véritable plaie sur l'île où canettes de soda et bouteilles de bières vides font la loi sur certaines plages).

Le must serait que chacun applique quelques conseils pratique du zéro déchets et que les magasins alimentaires d'appoint arrêtent de distribuer des sacs plastiques.

Plage de grandes cayes avec vue sur le début du sentier des froussards

Ces sites sont beaux et on peut y réaliser de très belles randonnées. Ma préférée est celle de Guana bay où il y a des piscines naturelles qui méritent le détour (voir la photo du début).

Ce décor paradisiaque a aussi sa part d'ombre : 

- le vestiges de l'ancienne décharge de guana bay sont encore présents alors que cela fait plus de 20 ans qu'elle n'existe plus

Ancienne décharge de Guana bay

- les déchets jetés dans la mer par l'homme sont ramenés sur le rivage par les vagues. Heureusement que certaines personnes ont décidés de les amasser en un tas pour éviter qu'ils aillent plus loin. 

Guana bay

Mangrove de Cul-de-sac

Une serviette hygiénique laissée comme cadeau entre les rochers des piscines naturelles de Guana bay

Malgré tout, mon île s'est métamorphosée et je suis ravie de ce qu'elle a entrepris et continue à entreprendre pour préserver son environnement.

L'accès à une nourriture végéta*ienne, biologique et saine est tout à fait possible et le choix de produits s'agrandit.

Ceci grâce à nous, à la demande qui est de plus en plus forte, grâce à notre souhait de vouloir des produits sains pour notre santé.

Nos achats est un vote et à chaque vote fait, c'est un vote gagnant pour le bien de notre planète.